Notre frère, Pierre Salmon, prêtre du diocèse de Saint-Denis-en-France et membre de l’Institut Séculier des Prêtres du Coeur de Jésus, nous offre ce témoignage. Il nous partage son combat avec la prière. Qu’il en soit ici fraternellement remercié.
Il fut un temps où je priais une heure, comme on nous le recommandait, dans les années 1960. Ensuite, je priais 3/4 d’heure. La veille au soir, je lisais l’évangile du lendemain, le gardais dans mon esprit et mon cœur la nuit et le méditais le lendemain matin, au début de mon oraison. J’ai continué cela au cours des retraites annuelles auxquelles j’ai participé et spécialement à la retraite de 30 jours en 1966.et à celles que j’ai prêchées aux “Groupes Évangile et Mission – GEM“.
Une méthode de prière
Ma prière commençait toujours par l’invocation à l’Esprit-Saint à qui je demandais la Grâce du discernement. Je relisais ma vie à Sa lumière pour y discerner les “esprits” qui m’animaient : ” Les retours sur soi, (qu’est-ce que les autres pensent de moi ?); les remarques cinglantes qui ont blessé les confrères ou les laïcs avec qui je vis, les services désintéressés que j’ai rendus. Ensuite, je demandais pardon au fond de moi, puis la lumière de l’Esprit et rendais grâce au Seigneur pour sa miséricorde. Ensuite, j’offrais au Seigneur tout ce que je recueillais des personnes que je rencontrais à l’occasion d’un baptême, d’un mariage ou d’un enterrement. Je ne cherchais pas à contrôler après coup ce qu’elles pensaient de ce que je leur avais dit. J’ai appris la gratuité. J’ai continué ainsi de nombreuses années.
Les vacances : une autre forme de prière
Pendant mes vacances, où je faisais des kilomètres en voiture pour aller voir des amis, j’abandonnais cette forme de prière du matin ; je priais en voiture pour les amis que j’allais rencontrer. L’amitié et l’affection me comblaient et soulevaient ma vie.
La prière d’intention
Dès que je retrouvais mes responsabilités paroissiales, je reprenais le rythme de mon oraison quotidienne. Et là, je peuplais ma prière du matin de tous les noms des personnes rencontrées. Je priais aussi avec les intentions qui m’étaient confiées : des demandes de guérison, des demandes de réussites à des examens, des demandes de réconciliations, etc.
La prière de demande
Nos prières de demande présentent à Dieu des situations difficiles pour nous et pour le monde. Mais je me pose la question :avons-nous vraiment besoin de demander ? «Le Père lui-même sait ce dont vous avez besoin ». En demandant, nous savons que Dieu s’intéresse à notre vie. Dieu ne nous répond pas en changeant le cours des choses, mais il nous donne l’Esprit de lumière et d’amour pour que nous puissions nous-mêmes à notre mesure agir sur le cours des choses.
Rejoindre ceux qui souffrent avec le Christ
Devant les informations terribles qui nous tombent dessus chaque jour, ma prière essaie de rejoindre le Christ qui souffre et pleure avec toutes les victimes. J’essaie de garder confiance en ce Dieu qui nous rejoint dans le pire mais pour nous en faire sortir.
Mon avenir, c’est la vie
Maintenant que je suis à la maison de retraite Marie-Thérèse, je sais que mon avenir est là. C’est la dernière étape de ma vie. Sans retour sur le passé, je marche vers mon avenir. Mon avenir, c’est tous ces résidents : prêtres et laïcs très âgés, tous ces handicaps physiques et psychologiques. Toutes ces misères ! À part la messe chaque jour et la récitation des Vêpres avec quelques résidents :prêtres, hommes, femmes, religieuses, ma prière est de tout instant. “De quoi mon voisin ou ma voisine a-t-il besoin ? J’avance vers cet avenir-là. En essayant d’apporter un peu de joie et de réconfort. Je n’avance pas vers la mort, mais vers la Vie.
Pierre Salmon, PCJ
Prêtre du diocèse de Saint-Denis-en-France