Nous reproduisons, traduit du néerlandais, ce message d’outre-paradis d’Ignace de Loyola adressé à ses compagnons jésuites, à la suite du décès le 21 avril 2025 du pape François (Jorge Bergoglio). Il est issu du site de Nikolaas Sintobin, SJ.
De : Ignace de Loyola
À : Mes compagnons jésuites
Objet : père Bergoglio
Chers confrères,
C’est avec une grande joie et une profonde gratitude que j’ai accueilli notre confrère J. Bergoglio au ciel. Je constate que cela a déclenché un véritable tsunami de réactions. Il est frappant de constater que tant de dirigeants d’autres religions ont exprimé leur estime à son égard. Apparemment, Jorge a beaucoup œuvré pour la réconciliation dans votre monde si divisé. Vous savez combien j’y attache d’importance.
Vous comprenez que j’ai été choqué, plutôt que ravi, par son élection au pontificat. J’attends en effet des jésuites qu’ils servent notre Église dans des fonctions humbles, et non depuis les sommets. Cependant, tout comme vous, j’ai rapidement remarqué que notre François, depuis sa position élevée, avait résolument choisi l’humilité. Il y avait bien sûr la simplicité de son habit, son mode de vie austère et sa miséricorde, qui m’étaient chères. Mais il vous a surtout montré l’humilité de Jésus. C’est cela qui m’importe. En effet, tout comme Jésus a toujours écouté le Père, notre Jorge a écouté longuement l’Esprit chaque jour. Il prenait ses décisions dans le silence de la prière. C’est ce que nous appelons le discernement. Ma joie était immense lorsque j’ai remarqué qu’il finissait par entraîner toute l’Église dans cette humble sagesse du discernement. Jorge appelait cela la synodalité
J’ai également été touché par l’attention que notre confrère accordait à la justice. La mère terre, les groupes minoritaires, les victimes d’abus et de violences de guerre, les migrants, les vies fragiles au début et à la fin de notre existence, les prisonniers : tous bénéficiaient de l’attention particulière de cet évêque de Rome. L’amour doit s’exprimer davantage par des actes que par des mots, ai-je écrit un jour. Que le souvenir reconnaissant de François soit pour vous un encouragement permanent.
Pour conclure, j’ajouterai ceci. Certains trouvaient que ce compagnon de Jésus avait un tempérament trop violent et pouvait être trop énergique. Vous savez que moi aussi, j’avais parfois des accès de colère. Tout comme Jorge, j’étais loin d’être parfait et j’avais tendance à aller jusqu’au bout des choses. Cela a aussi ses avantages. Si l’on veut accomplir quelque chose dans notre monde humain, il faut parfois savoir prendre les taureaux par les cornes. Il en va de même dans notre Église. Je sais par expérience que cela peut être difficile pour les collaborateurs. J’espère que vous lui accorderez autant de pardon que vous m’en avez accordé.
Je vous suis reconnaissant et je vous remercie pour notre cher frère Jorge.
Ignatius