Évoquer le Cœur de Jésus peut, de suite, laisser penser à une spiritualité surannée. Nous pouvons voire des images de cœur sortant et irradiant de la poitrine du Christ. Il nous faut aller plus loin et nous laisser toucher par la grâce de Dieu. En son Fils, il vient nous dire l’absolue densité de son amour pour les Hommes. Nous ne pouvons pas séparer le Cœur de Jésus de son Corps Eucharistique.
Rencontrer le Cœur de Jésus
Dans notre projet de vie
9. Le Verbe s’est fait chair et a demeuré parmi nous “(Jn 1,14). Désormais, rien de ce qui est humain ne lui est étranger. En lui, nous sommes tous associés à la plénitude de sa divinité.
10. Le Cœur de Jésus est le signe le plus transparent de l’amour de Dieu pour les hommes. (…)
11. Au milieu des solidarités et des divisions, des solitudes et des fraternités, Jésus nous propose un cœur à cœur avec lui. Il vient vivre Nazareth en chacun de nous et nous saisir aux racines profondes de notre être.
12. La contemplation de son Cœur, nous introduit là où il demeure uni à son Père et à l’Esprit, comme à tous les hommes. Cet amour guérit nos blessures et nos peurs. Il transfigure nos pauvretés et nos faiblesses en lieu de révélation de sa tendresse. Il nous ouvre à la vraie compassion (…)
13. Alors, si notre cœur se laisse irradier par celui de Jésus, d’autres pourront faire l’expérience de la tendresse, découvrir des trésors enfouis en eux et oser prendre à leur tour le risque d’aimer – Projet de Vie n°9-13
Annoncer
L’annonce de l’Évangile est une urgence pour notre temps. Nous sommes davantage invités à promouvoir la rencontre du Christ qu’à remplir les églises. La connaissance intime du Christ invite à la rencontre. Ensemble, nous faisons mémoire, ensemble, autour des deux tables de ce « cœur qui a tant aimé le monde ». Annoncer l’Évangile c’est prendre le temps de la contemplation active. Il s’agit de regarder de quelle manière le Christ, lui-même, s’est révélé ; de quelle manière il a offert son cœur, pour ouvrir le monde à la gratuité du don.
Un temps pour se nourrir de l’Amour de Dieu
Le jésuite Pedro Arrupe, témoignait de sa prière dans la petite chapelle qui jouxtait son bureau à la Curie à Rome. Là, il trouvait toute l’énergie et le dynamisme apostolique pour conduire la Compagnie de Jésus sur le chemin du Christ. Nous sommes là au cœur même d’un paradoxe. Pourtant, le temps de la prière, de la célébration de l’Eucharistie, de l’humble contemplation du Christ sont des lieux essentiels de respiration, de discernement et de décision. Il nous faut d’abord apprendre à nous recevoir du Christ.
Aussi, nous pouvons demander la grâce de pouvoir être unis davantage à cet amour qui ne cesse de se donner dans l’Eucharistie. Il ne s’agit pas de faire de la sensiblerie. Nous sommes invité à « sentir et de goûter intérieurement» ce que le Seigneur veut de moi. Accepter de me laisser aimer, c’est reconnaître que je ne suis pas ma propre origine. Il s’agit d’entrer, à la suite de Pierre (Jn 21), sur un chemin que je n’ai pas choisi. Dans ce mouvement, nous avons l’assurance que le Seigneur nous devance.
Marcher sous l’étendard du Christ
Nous serons « porteurs des grâces du Royaume » si nous acceptons véritablement de mettre l’amour de Dieu en premier dans notre vie. C’est cet amour qui continue de sauver le monde jusqu’à la fin des temps.Il s’agit de reconnaître dans l’agir du Christ un chemin pour rendre notre monde plus juste, plus fraternel.
Nous avons à marcher derrière l’étendard du Christ pour abattre les murs qui séparent les hommes et les femmes de l’amour de Dieu. Il est synonyme de la justice. Elle ne consiste pas en un égalitarisme forcené mais à donner à chacun le droit de vivre dans la dignité. Aimer le Christ doit nous entraîner à relever nos manches, à nous engager là où nous sentons que nous serons utiles aux autres. Ce chemin de la justice, ce chemin de l’amour c’est aussi le chemin du service.
Découvrir le cœur du Christ comme chemin de l’amour
N’oublions pas, non plus, que le cœur du Christ se dit aussi dans le lavement des pieds. Le cœur de notre action doit puiser sa force dans le cœur du Christ. Pour cela, le temps de l’oraison, de la prière silencieuse, du partage de la Parole… ne doit pas être négligé. Comment trouver le chemin de l’amour, si nous n’accueillons pas celui qui est la source au cœur de nos déserts (Os 2, 16) que sont nos doutes, nos retournements, notre si difficile conversion. Pour prier, là aussi il y a de multiples manières.
Découvrir le cœur du Christ comme le cœur de la Mission
Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. Gaudium et Spes 1
Dynamique
Vouloir vivre et aimer dans la dynamique du cœur du Christ c’est être saisi par ce cœur divin qui est devenu un cœur humain. Il nous invite à accepter notre fragilité. Acceptons d’être touchés, au plus profond de notre cœur, par l’Amour de Dieu. Il vient transformer notre cœur de pierre en cœur de chair (Ez 36, 26). Il nous donne la force pour parcourir le chemin de son Amour malgré nos fatigues, nos contradictions, « nos cœurs sans intelligence si lents à croire » (Lc 24, 25).
Nourrissons notre mission par la douce contemplation de sa miséricorde. Et, comme saint Jean, en toute confiance, reposons-nous sur le Cœur du Christ. Il nous donnera grâce de marcher à sa suite pour annoncer à nos contemporains que la douceur, la confiance, la tendresse sont des chemins pour rendre notre monde davantage solidaire et fraternel.
Pierre-Baptiste Cordier Simonneau – SVECJ