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« Celui qui était vraiment mort est vraiment vivant ! ». Ce cri de joie et d’espérance exprimé par plusieurs concerne le corps de Jésus. Ils retrouvent Jésus vivant en différents moments, essentiels à leur vie. Oui, c’est le même Jésus, toujours aussi attentif au sérieux de leur vie et à toute leur humanité que les disciples en chemin, rencontrent le Ressuscité. Ils le rencontrent tandis qu’ils étaient désespérés et repartaient chez eux à Emmaüs avec leur espérance ruinée. C’est aussi l’expérience de ces pêcheurs qui Le rencontrent à l’issue d’une nuit sans rien prendre. Ou bien encore dans cette amitié morte que portaient ces femmes à Jésus (Lui qui savait tant reconnaitre leur dignité) sur le chemin du tombeau où elles se rendaient pour le geste définitif d’embaumer son corps mort. Le geste et la parole de Pierre et Jean, touchés par la situation terrible d’un infirme mendiant pour lequel ils s’arrêtent, comme Jésus le faisait. Ils le relèvent « Au nom de Jésus », ils le relèvent. Cet homme est à présent debout, relevé de la mort sociale et quasi physique.

Avec le Christ, renaitre à l’espérance

C’est comme si ce qui était « irréparable » (la mort, l’absence de solutions) se trouve comme « réparé ». L’espérance peut reprendre, et comment ! ; ils ne peuvent pas ne pas annoncer la victoire du Père sur la mort de son Fils. Jésus est à la fois le même qu’avant et autre… Et ils sont invités à un autre regard : là où c’était la nuit totale avec leurs projets définitivement enfermés dans le tombeau de Jésus mort, voilà que Jésus est en eux comme un feu brulant ; il est aussi autour d’eux ; il leur dit « Allez, c’est à vous de faire, de dire, de célébrer, et moi, je suis avec vous à jamais ».

En plein monde

C’est en plein monde que le Ressuscité les rencontre, non pas à la marge de ce monde ni dans un monde autre. Chacun des disciples du Christ peut vivre cette expérience inouïe pourvu qu’il adopte les attitudes de cœur de Jésus ; son empathie, sa prière, sa relecture en Église de ce qu’il voit de l’action du Père.

Marie-Noëlle

Je pense à Marie-Noëlle ; je ne suis plus curé de la paroisse où elle habite. Elle me confie par sms les difficultés financières (pour se nourrir) qu’elle rencontre, elle et son fils. Elle m’écrit « Je déposais des denrées à la paroisse pour que des personnes démunies qui s’adressaient à l’accueil paroissial puissent en profiter ; ce service continue-t-il ? puis-je m’adresser la paroisse ? j’en ai besoin ». Je lui téléphone et elle m’annonce qu’une solution provisoire a été trouvée. Je ne peux en tout cas la renseigner s’il existe encore ce service.

Ecoute

Tout en l’écoutant, je ne peux m’empêcher de ressentir un regret : quel dommage que Marie-Noëlle n’ait pas encore rejoint un groupe de partage ! Elle a « le sens des autres » et elle a la foi, tout en étant bien isolée ; Or je ne suis plus curé sur cette paroisse et m’immiscer dans cette démarche serait mal vu. C’est donc trop tard ! « C’est mort ! » comme on dit.

Amertume

J’en suis à cette amertume quand j’apprends une heure plus tard par une amie que l’équipe ACO dans laquelle elle fait révision de vie se retrouve précisément ce même jour. Or les deux femmes habitent le même quartier. Le contact se prend entre elles, et Marie-Noëlle est ainsi ok pour participer dans l’après-midi à cette équipe. Voici donc Marie-Noëlle relancée dans son espérance et ses convictions par le partage qu’elle va vivre en équipe, dans une vie sociale bienvenue en la période qu’elle traverse ! Ce qui me semblait irréparable je peux le regarder aussi comme un « pas encore réparé » par le travail du Père !

Faire du neuf avec du vieux

Oui, que de choses irréparables dans tant de vies autour de nous, et aussi en nous peut-être. D’ailleurs Nicodème rencontrant Jésus lui disait « Peut-on renaitre quand on est vieux ? ». St Jean prête ces mots à Jésus « Tu peux renaitre de l’eau et de l’Esprit ! ». Autrement dit, ton baptême t’unit au Christ dans sa mort et dans sa résurrection.

L’espérance est dans le Christ

En regardant la vie donnée de Jésus pour tous ses frères, mon espérance renait d’être intégrés à ce mystère fou de l’amour de Dieu pour son Fils et pour l’humanité que son Fils lui présente. Jésus s’est présenté avec nous, avec tous, au Père dans l’offrande de sa vie jusqu’à la croix. Peut-être que ce qui est « irréparable » sera réparé. Le Père, le Fils et l’Esprit n’ont pas encore montré en nous et autour de nous leur toute puissance de vie.

Ancrés dans l’espérance

Nous sommes autorisés à espérer avec davantage d’espérance pour ceux qui sont dans la mort, qu’elle soit physique, psychologique, matérielle ou sociale. Il nous faut pour cela être à l’image du Fils, complétement humain et complétement offert au Père. Développons ces deux directions ; nous former (ou faciliter l’accès des personnes) aux moyens psychologiques qui relèvent l’humain (accompagnement psychologique, accompagnement spirituel, communication non violente…). Et nous en remettre davantage au Père ; « Entre tes mains je remets ma vie ».

Christophe Decherf,
Prêtre du diocèse de Cambrai


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