Dans un monde qui valorise la productivité, la réussite et le succès extérieur, il est facile de perdre le signal de son moi intérieur. À force de nous concentrer sur la réalisation de nos objectifs, nous oublions de prendre contact avec nous-mêmes, d’écouter nos mouvements intérieurs et d’être présents à nos émotions. Mais, les jésuites nous rappellent que l’analyse n’est pas la seule façon de réagir à cette prise de distance. Il importe encore plus de reconnaître les signes de la présence de Dieu, au-delà de nous, plus grand que nous, infini.
Reconnaître nos émotions
Dans les Exercices spirituels, Ignace souligne l’importance de reconnaître ce qui s’agite en nous : idées nouvelles, sentiments instinctifs ou toute autre « motion ».
Lorsque ces pensées brassent quelque chose en nous, nous devons être à l’affût et en prendre conscience. Ignace nous invite à nommer ce que nous ressentons, à l’admettre pour le meilleur ou pour le pire, et à avoir une conversation avec Dieu à ce sujet. S’agit-il d’invitations ou de tentations ? Sont-elles de Dieu ou de l’esprit qui n’est pas de Dieu ? Les regarder en face nous permet de mieux comprendre notre fonctionnement interne et d’identifier la manière dont nous nous laissons affecter par les situations.
Aller au-delà de l’analyse
Pour nombre d’entre nous, l’analyse est une seconde nature. Nous aimons analyser les situations, les contrôler ou les résoudre, et passer au défi suivant. Mais, il faut nous rappeler que nos émotions font partie intégrante de ce que nous sommes : elles mettent en mouvement notre identité. En reconnaissant et en nommant nos sentiments, nous pouvons aller au-delà de l’analyse et du contrôle, et commencer à cerner des schémas récurrents dans nos émotions : voir comment elles affectent notre action et comment nous pouvons réagir de manière plus authentique aux situations dans lesquelles nous nous trouvons. Une liste de noms de sentiments peut nous aider à reconnaître et à nommer nos émotions.
Identifier ce qui nous anime
En conservant une liste de noms de sentiments à la fin de notre journal, nous pourrons nous en servir pendant l’examen comme d’une sorte d’aide-mémoire. Parfois, le mot juste nous sautera aux yeux, nous rappelant dans quelles circonstances nous avons ressenti telle ou telle émotion au cours de la journée. D’autres fois, nous pourrons repérer une structure répétitive dans nos émotions, reconnaître, par exemple, que nous nous sommes sentis insignifiants plus souvent que nous ne l’aurions voulu. Ignace nous invite à nommer ce que nous ressentons, à l’admettre pour le meilleur ou pour le pire, et à avoir une conversation avec Dieu à ce sujet.
Nos émotions pour prier
L’identification de schémas récurrents dans nos émotions peut devenir le point de départ de notre prière. Nous pouvons nous représenter nos sentiments comme un gros blob de matière à parcourir, regarder et côtoyer. Nous pouvons écouter ce que l’Amour infini nous dit à ce sujet, sans avoir l’impression de devoir l’éliminer, le fuir, l’adopter ou y réagir. En nommant simplement nos sentiments et en nous y arrêtant, nous pouvons discerner dans quelle mesure ils nous rapprochent ou nous éloignent de la personne que Dieu veut que nous soyons.
À l’écoute de ce qui se passe en nous
En somme, il est essentiel d’être à l’écoute de nos mouvements intérieurs pour mener une vie épanouie. Cette attitude nous aide à rester ancrés dans le moment présent, à comprendre nos émotions et à déterminer les schémas récurrents dans notre vie émotionnelle. En devenant notre propre compagnon ou compagne de route au fil de notre voyage intérieur, nous pouvons développer une relation plus profonde avec Dieu et progresser vers la personne.
que nous sommes appelés à être.
Article publié dans Jésuites canadiens – revue des Jésuites du Canada par José Sánchez
Directeur des communications des Jésuites du Canada.