En accompagnant plusieurs groupes de chrétiens dans une démarche synodale à partir des questions proposées dans le diocèse d’Angers, des questions reviennent régulièrement et invitent à la réflexion.
Suis-je légitime pour prendre la parole ?
Certains chrétiens se sentent illégitimes ou peu légitimes dans la mesure où ils ne se sont pas engagés dans une responsabilité paroissiale ou dans une équipe liturgique… Pourtant, notre baptême et notre participation aux célébrations eucharistiques signent notre appartenance et participation active au Corps du Christ, à cette Église Peuple de Dieu sous l’Esprit saint. Bien sûr, la légitimité peut croître ou être plus évidente si l’on est dans l’action concrète avec d’autres paroissiens ; mais le fondement même de la légitimité est bien dans notre « oui » à notre baptême, à Dieu qui nous appelle à répondre de son amour gratuit.
Pourquoi prendre parole ?
Deux réponses se dessinent à cette question « pourquoi prendre la parole ? » ? Soit pour émettre une « correction fraternelle » devant tel ou tel positionnement jugé non évangélique, soit pour construire avec d’autres des projets paroissiaux ou améliorer l’existant. Ces deux raisons ont leur place et motivent bien des prises de paroles. Peut-être faut-il se redire que la finalité est surtout de dialoguer pour trouver ensemble le chemin de la fidélité à l’Evangile, pour chercher une justesse de positionnement pour témoigner réellement de Jésus-Christ. Il est si facile de s’écarter du Jésus tel qu’il se révèle dans les Evangiles ! Marcher ensemble dans la fidélité à Dieu suppose bien d’y réfléchir ensemble, en osant chacun prendre la parole.
Comment prendre la parole ?
L’art de prendre la parole avec bienveillance se travaille. Les peurs de mal dire, d’entrer en conflit, de blesser son interlocuteur, de perdre son temps face à certaines personnes, découragent la prise de parole et invitent surtout à la fuite… D’où l’importance d’un cadre avec des règles simples posée à l’avance quand cela se passe en groupe, mais urgence aussi de vraies rencontres interpersonnelles sur des sujets variés pour créer un lien de confiance. La confiance mutuelle est à construire pour que la parole circule : le « cadre » et la « vraie rencontre » y contribuent. En groupe il s’agit de construire une parole commune en ayant entendu l’avis de chacun et décidé ensemble des conclusions de l’échange. Cette parole co-construite a évidemment du poids parce qu’elle est déjà le fruit d’échanges, de dialogues vécus plus facilement en petit groupe au sein d’une communauté paroissiale.
Quels fruits attendre de cette démarche synodale ?
Cette question n’est en fait pas venue dans tous les groupes et certains sont bien sceptiques en raison d’expériences synodales décevantes sur le plan diocésain. Pourtant, l’attention au « marcher ensemble », à la démarche même fait entendre autre chose. Dans l’évaluation d’une rencontre sur ce thème, il m’a été donné d’entendre déjà quelques fruits dans les expressions suivantes : « Finalement s’interroger sur ce thème m’interpelle sur ma participation à ma paroisse », « c’est peut-être le petit coup de pouce dont j’avais besoin pour oser… », « oser la rencontre », « créer du lien », « ça sème des graines », « parler : c’est de notre responsabilité pour que la Bonne Nouvelle rejoigne le plus grand nombre »… Comment ne pas se réjouir de ces fruits et espérer leur maturité !
Gwennola Rimbaut