Voilà un vaste débat, nous n’avons pas la prétention de répondre totalement à cette question, ni de rentrer dans un débat philosophique ou théologique. Notre réponse ne sera qu’à travers ce que nous vivons en couple depuis 47 ans avec ses forces et ses faiblesses.
Notre « Je » de chacun passe dans ce « Nous » du couple pour enrichir notre « Je » personnel, ce qui revient à dire que notre couple ne peut pas fonctionner, ne peut pas vivre dans la notion de l’égalité. Nous sentons bien que de vivre de cette façon nous met en désaccord avec ce que propose le monde qui ne cherche ou ne recherche que l’égalité entre l’homme et la femme. De ce fait, l’Église est elle-même touchée par ce comportement d’égalité.
Certes, s’il est juste de dire « à travail égal, une rémunération identique », mais vouloir à tout prix rechercher l’égalité pose des difficultés et rend les relations difficiles entre les hommes et les femmes. Vivre en posant la différence entre homme et femme comme une complémentarité, diminue le risque de la compétition. Cette manière de vivre la complémentarité nous a beaucoup aidés quand le diaconat s’est invité et installé dans notre couple depuis 27 ans. Très vite, nous est venue cette réflexion de dire que Maïe n’est pas l’épouse d’un diacre mais une femme dont l’époux est diacre. Ainsi nous avons bien cette complémentarité entre le sacrement de mariage et le
sacrement de l’ordre, chacun à sa place. La richesse du diaconat nous appelle tous les deux à aller vers le Christ Serviteur. Ainsi le Christ nous enseigne l’attitude d’humilité, de chasteté l’un envers l’autre et envers les autres. Nous croyons et sommes convaincus que ce chemin répond à l’appel du Christ à nous faire pauvre. Ce chemin-là, nous le prions tous les samedis soir dans la prière des Heures avec le texte Philippiens 2,5-11. Nous ne disons pas que ce soit facile à vivre. Il faut rester vigilant, car l’on peut tomber rapidement quand l’engagement de l’un semble être plus fort spirituellement que celui de l’autre, d’où l’impression de vivre un temps de frustration. Le résultat nous conduit à la joie et au rendre grâce de ce don que nous a donné le Seigneur, même si l’un ou l’autre est sur un chemin d’erreur. Cette façon de vivre nous écarte du chemin de la compétition et de pouvoir.
Cette complémentarité, nous la retrouvons dans la Bible à plusieurs reprises, en particulier avec Abraham et la fécondité de Sarah, dans le livre des Juges (13), avec Zacharie et Elisabeth, avec Joseph et Marie. Dieu est intervenu dans ces fécondités, ce qui nous montre que la complémentarité entre lui et l’homme existe bien et donne une foi féconde.
Maïe et Ernest de NEUVILLE
SVE Le Mans