Après plus d’une année, nous trouvons des lumières d’espérance quant à cette crise de la Covid qui nous a tant affectés. Nous avons maintenu nos rencontres via diverses ressources technologiques et surtout gardé, malgré tout, notre dynamisme apostolique. Cette crise nous marque dans notre chair, dans notre compagnonnage, dans notre foi. Ceux qui sont morts nous manquent, même si nous savons qu’ils intercèdent pour nous et notre famille spirituelle, auprès du Père. Ils nous précèdent et sont comme en ambassade auprès de Dieu. Gardons leur souvenir vif dans nos cœurs.
Les cicatrices de la Covid
Même si aujourd’hui tout semble aller mieux, ne rayons pas d’un trait de plume nos diverses expériences traversées au cours de ces derniers mois. Souvenons-nous que le Seigneur est présent aussi au cœur de nos blessures. Sous son regard bienveillant, elles deviennent des cicatrices.
À l’aide d’Ignace de Loyola, nous avons à discerner, en équipe SVECJ, dans le dialogue confiant avec celui ou celle qui nous accompagne, là où nous pouvons davantage « louer, servir, respecter Dieu notre Seigneur ».
« voir toutes choses nouvelles en Christ »
Ensemble, comme nous y invite l’année ignatienne, nous pouvons « voir toutes choses nouvelles en Christ », c’est-à-dire nous laisser saisir par la nouveauté de l’Évangile pour poursuivre notre consécration baptismale. Cet appel à la conversion n’est pas de l’ordre du magique, de l’extraordinaire. Nous qui sommes habitués à la relecture, nous savons bien qu’il faut du temps pour changer, pour nous mettre en route à la suite du Christ. Nous savons aussi que c’est dans la rencontre avec les autres que nous découvrons les traces de Dieu et les appels à la mission (PdV n°8). Ces rencontres, nous le savons, nous provoquent et nous remettent en question.
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Approfondir la fraternité
Cette bienveillance de la relation (PdV n°55) doit nous entraîner à approfondir notre fraternité critique et inventive. Nous n’aurons jamais fini cet approfondissement et c’est une véritable chance, car nous pouvons ainsi faire de toutes nos rencontres une occasion de louange et d’action de grâce. Durant les temps de confinement, de couvre-feu particulièrement tôt, il a été difficile de se « rencontrer en présentiel. Aujourd’hui encore, malgré le vaccin et l’atténuation de la circulation du virus, les contacts charnels sont restreints. Pourtant, nous avons à nous faire davantage proches les uns et des autres.
Devenir ministre de la consolation
Nous avons à trouver les moyens d’être ministres de la consolation qui nous vient du Seigneur. Cette crise de la Covid-19 nous a en quelque sort mis à nu, telle une tempête qui emporte tout sur son passage. Nous avons à entamer un processus de reconstruction, non seulement en matière de projet de société, mais surtout en nos cœurs. Nous sommes porteurs d’une espérance pour le monde, qui en a plus que jamais besoin. Mais cette espérance, avouons-le, nous la portons dans des vases d’argile. Dans cette prise de conscience, nous pouvons reprendre les mots d’Ignace : « Donne-moi ta grâce, elle seule me suffit ». Cette petite fille espérance, comme aimait l’appeler Péguy, nous devons la mettre au cœur de nos vies.
Nos rencontres pour s’enraciner dans l’espérance
Nos lieux d’engagement, de vie, de militantisme, sont autant de lieux où nous avons à témoigner de notre espérance. Notre vie, notre foi se fondent sur le Christ-Ressuscité. Sa force se déploie – et c’est tant mieux – dans notre faiblesse pour que nous témoignions, en plein monde, que seul l’Amour est digne de foi. Ces expériences spirituelles et humaines, nous avons vraiment besoin de les partager avec nos entrailles dans nos équipes. Dans la confiance et la bienveillance respective, nous endenterons, sans nul doute, la Bonne Nouvelle « qui nous met en route. Ne restons pas seuls sur notre chemin, même si nous avons l’impression d’être perdus dans ce monde en plein bouleversement.
Le Christ pour boussole
Souvenons-nous que notre boussole, c’est le Christ. Il est celui qui nous indique la route du Père par la force de l’Esprit. Gardons confiance et courage, même si nos équipes peuvent paraître frêles et peu nombreuses. Dans ces moments où le découragement peut naître en nos cœurs, nous pouvons nous souvenir de cette phrase de Joseph cardinal Van Thuan : « Jésus ne compare pas le petit groupe de ses disciples à une troupe prête pour le combat ou exultant dans la victoire mais il dit “sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume” » (Lc 12, 32).
Pierre-Baptiste Cordier Simonneau, SVECJ