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Comment aimer notre Eglise aujourd’hui ? Quelle crédibilité lui accorder ? Au moment où les évêques de France se retrouvent à Lourdes, nous nous interrogeons avec eux sur les abus sexuels des prêtres, des évêques, des laïcs dont le rapport Sauvé a rendu compte. Des victimes témoignent et demandent réparation. Le silence concernant l’ancien évêque de Créteil, Michel Santier, ravive les indignations.

Aimer notre Eglise comme nos fondateurs

Lorsque qu’il m’a été demandé de partager ma réflexion, ma première réaction a été d’interroger Pierre de Clorivière et Daniel Fontaine.

Pierre-Joseph de Clorivière

Le Père de Clorivière a connu les dépravations du clergé avant la Révolution et après. Il a donné, en modèle, un prêtre comme Monsieur de Sernin dont il nous raconte la vie. Ce vicaire de paroisse rurale convertit son curé qui se repent de sa vie bien éloignée de celle d’un bon pasteur. Sous l’ancien régime les évêques étaient loin de donner l’exemple mais à la Révolution, il y eut des prêtres et des évêques martyrs.

Daniel Fontaine

Daniel Fontaine accueillait les enfants victimes des abus sexuels en son orphelinat d’Auteuil. Il était en plein anticléricalisme. J’imagine qu’il a dû renouveler sans cesse sa consécration en s’occupant de ces petits, de leurs familles et des prostituées. De leur temps, nos fondateurs ont connu des scandales dans l’Église. Qu’ont-ils fait ? Ils n’ont pas quitté l’Église mais ils ont choisi de réfléchir, de s’engager. Ils ont agi de toutes les forces de leur amour pour l’humanité et pour Jésus.

Pierre de Clorivière a créé une société permettant de vivre son engagement en restant dans le monde sans être du monde. Daniel Fontaine, après une longue recherche, a suivi la même intuition. Aujourd’hui, revenons aux sources et avec le Père de Clorivière, luttons «contre vents et marées».

Aimer notre Eglise aujourd’hui

Les responsables de notre Église doivent faire face à l’amplitude donnée aux scandales par les réseaux sociaux, les radios, les télévisions, mais ils sont encore prisonniers de la règle du secret. Pour les évêques, les prêtres, les éducateurs ou les enseignants dans les écoles catholiques, la règle était celle du silence. Les personnes coupables étaient déplacées sans que leurs délits soient connus dans les lieux où ils étaient nommés.

Les victimes méritent des réparations

Ce qui est nouveau et exemplaire, c’est la prise en compte de toutes les victimes quels que soient leur âge et leur sexe. Ils ont besoin d’une réparation morale et matérielle. Il n’en avait jamais été question jusque là.


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Nos fondateurs et l’Eglise

Nos fondateurs ont réagi face aux scandales de l’Église. Ils ont voulu réparer : le premier en accompagnant les victimes de la Révolution spirituellement et matériellement ; le second en luttant contre l’injustice sociale et l’exploitation sexuelle des jeunes et des femmes.

Restons dans la barque malgré la tempête que traverse aujourd’hui notre Église. Plus que jamais, elle a besoin de nous tous pour lutter contre les abus de pouvoir et pour défendre et soutenir les plus fragiles.

Marchons sur les traces de nos fondateurs avec humilité.

 

François Tricard, prêtre SVECJ

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