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Depuis maintenant un mois et demi, nous vivons en France, comme dans le monde, une crise sanitaire et sociale. Elle est d’une ampleur que nous n’avons jamais connue. Cette crise touche tout le monde. Mais elle est encore plus rude pour les personnes  de différentes classes sociales en difficultés familiales, économiques, d’habitat. N’oublions pas non plus les personnes vulnérables, isolées et les plus âgées d’entre nous.

Un bouleversement

Cette crise due au Covid-19 est venu nous révéler nos fragilités, nos carences. Ainsi, nous prenons conscience de notre rôle dans un environnement que nous avons souvent maltraité et de notre faiblesse face à un tel phénomène. Nous nous sentons désarmés ! Dans les années 90, Xavier Thévenot, prêtre et théologien, décrit les tentations de la nature humaine. Elles sont toujours d’actualité  et nous les retrouvons bien dans ce que nous révèle la crise que nous vivons aujourd’hui.

Tentation et puissance

La tentation d’un monde sans faille, qui mène à l’incapacité d’accepter l’échec, la mort. Une société individualiste,libérale et consumériste à outrance faite pour les plus « riches », les plus « beaux ». Une société qui ne laisse pas de place à ceux qui veulent vivre avec simplicité et humilité, qui consentent à prendre patience avec leurs propres limites face à la situation actuelle.

Alterité

La tentation de l’indifférenciation, en opposition avec l’altérité et la promotion de l’autre. Cette altérité qui reconnaît que l’autre est distinct de moi, de nous, différent et unique comme nous-mêmes le sommes aussi. Sa prise en charge doit être différenciée. On ne vit pas les réalités de la même façon face à cette crise qui est éprouvée aujourd’hui. Des milieux sociaux, des catégories de personnes vulnérables la subissent plus durement que d’autres.

Toute puissance

La tentation de la toute-puissance conduit au refus de vivre dans la réalité telle qu’elle nous est donnée. C’est celui qui sait comment on aurait dû ! Qui sait ce qu’il faut, ce qu’il faudra, qui connaît le vrai traitement.Tout paraît simple quand on ne porte pas la responsabilité des décisions ! Pourtant, nos projets, nos plans sont mis à rude épreuve, nous sommes contraints à vivre le présent qui nous est donné. Nous pouvons rajouter, comme le dit Thevenot,

le constat de ce monde qui se passe de Dieu dans la société dans laquelle nous vivons. Ce regard de Dieu dont nous avons besoin pour prendre conscience de nos limites, du fait que nous ne sommes pas tout-puissants.

Discernement

Face à ces réalités, il convient, bien entendu, de dénoncer et de combattre avec beaucoup de discernement ce qui avilit l’homme, le méprise, lui fait perdre sa dignité. Il s’agit aussi de révéler à chacun de nous et à tous ceux qui agissent aujourd’hui sur le terrain, au service des autres, qui les aident justement à grandir en humanité tout en grandissant eux-mêmes en humanité, qu’ils peuvent inscrire leur action dans cette nécessaire conversion de la société .La crise qui nous atteint aujourd’hui peut nous apprendre à discerner quels sont nos besoins essentiels et à nous interroger sur quel monde nous voulons pour demain.

Croissance

Faire grandir l’homme en humanité dans ce contexte de crise  est un vrai chemin de sainteté qui nous rend humble ! N’est-ce pas dans notre mission, dans la contemplation et dans la qualité du regard que nous portons sur la sœur et le frère, de voir en l’autre ce qui fait de lui un être aimé de Dieu. Dieu nous révèle des possibilités dans nos vies que nous sommes incapables d’imaginer et de nous garder dans l’Espérance.

Nuno FERNANDES
Responsable général de la SVECJ

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